Cluster 13

Projet Genre et culture

Travail et traitement de la voix : porosité de la frontière masculin/féminin.

27 avril 2007
contact : Tain Laurence

De nombreux travaux récents en sciences sociales ont bâti une modélisation du corps enchevêtrant les dimensions biologiques et sociales. Pour Shilling (The Body and the social Theory, Sage, 1993), le corps est représenté comme un phénomène biologique et social qui n’est jamais terminé, autrement dit comme un projet évoluant avec les techniques et les styles de vie. Dans cette optique, si l’on admet que le corps est à la fois et de façon concurrente « socialement construit et organiquement fondé », Turner (Regulating bodies, Routledge, London, 1992) image un modèle en boucle où la réaction sociale du corps physique infléchit l’expérience corporelle qui, elle-même, affecte en retour le social. Dans ces processus la voix occupe une place de choix, comme miroir et matériau des apports sociaux. Car, comme le note Bourdieu (Ce que parler veut dire, Fayard, 1997) : « mieux que les signes extérieurs au corps (...) les signes incorporés, comme tout ce que l’on appelle les manières de parler - accent - (...) sont destinés à fonctionner comme autant de rappels à l’ordre, par où se rappelle à ceux qui l’oublieraient la place que leur assigne l’institution ». Objectifs : Dans ce contexte, ce projet de recherche a pour objectif d’apporter un éclairage sur les liens complexes qui se tissent entre le corps et rapports sociaux dans le cas particulier de la voix et des rapports de genre. L’enquête sera centrée sur le travail de professionnels de la voix qui s’accordent, par ailleurs, à prendre en compte la dimension sociale et culturelle de la voix (Le Huche, La voix : thérapeutique des troubles vocaux, Masson, 1989), (Cornut, La voix, PUF, 1998). A partir d’entretiens sur leurs pratiques et de leurs appréciations d’enregistrements vocaux, on cherchera à saisir les modes d’élaboration d’une « voix sexuée ». Peut-on dresser une typologie qui varierait selon les caractéristiques du professionnel de la voix (âge, sexe, musicien.ne, phoniatre, orthophoniste...), des élèves de la situation (artistique, thérapeutique, voix chantée, voix parlée...) ? La comparaison entre la mesure des paramètres acoustiques de la voix et son appréciation subjective de la voix donne-t-elle des indications sur sa catégorisation sociale ? Des éléments de réponses à ces questions contribueraient à mieux appréhender comment voix et genre sont intimement liés, à questionner les catégorisations acoustiques de la voix et pourraient ainsi avoir des applications quant aux effets recherchés de masculin et féminin lors de numérisation de la voix.



Établissements rhônalpins engagés :
— Université Lumière Lyon 2 (établissement porteur), ENS-LSH (établissement d’hébergement)
— INSA, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université de Savoie (Chambéry), Université Stendhal Grenoble 3, Université Pierre-Mendès France Grenoble 2, Université Jean Monnet Saint-Étienne

Le CNRS participe à travers ses chercheurs à temps plein et son rôle d’opérateur national auprès des unités de recherche ou de service dont il partage la tutelle avec les établissements précités, y compris l’Institut des Sciences de l’Homme.

Dans la seule limite de ses moyens, le cluster a naturellement vocation à faire bon accueil à toute proposition en rapport avec ses thématiques lorsqu’elle émane de collectivités territoriales, d’associations, d’institutions ou d’entreprises rhônalpines.