Cluster 13

Projet Genre et culture

Autour de George Sand.

27 avril 2007
contact : Olivier Bara, Christine Planté

Dans le contexte du bicentenaire de la romancière (2004) et à travers des initiatives récentes, un pôle associant Grenoble 3 (colloque de 2004 sur les Lettres d’un voyageur, organisé par Damien ZANONE, dans le cadre du Centre d’études stendhaliennes et romantiques, en colla¬bo¬ration avec LIRE) et Lyon 2 (séminaire et colloque sur Consuelo La Comtesse de Rudolstadt organisés en 2001 sous la responsabilité de Michèle HECQUET et Christine PLANTE dans le cadre de LIRE, publiés en 2004 aux PUL) s’est imposé comme un des lieux du renouveau de la recherche sur George Sand. Les projets proposés s’inscrivent dans cette dynamique et cette collaboration régionale. Quatre axes principaux sont envisagés.

a. Sand critique (responsable, Christine PLANTE, en association avec Grenoble 3, Damien ZANONE, Centre d’études stendhaliennes et romantiques) Le programme quadriennal qui s’achève a permis de mener à bien l’édition d’un large choix de textes critiques de George Sand, dont la publication est prévue fin 2006 ou début 2007. Une Journée d’étude sur Sand critique à l’automne 2007, ouverte à la fois aux spécialistes de Sand et à des spécialistes des auteurs qu’elle a commentés permettra de prolonger cette publication, la prise en considération de ces textes peu connus et jamais réunis permettant de renouveler l’image de Sand, celle de l’institution littéraire et de la critique d’écrivain au XIXe siècle. Cette journée sera préparée par la mise en ligne de documents sur le site. Reprographie, secrétariat, voyages, hébergement : 4000 € b. Sand et l’héritage du XVIIIe siècle Responsables Olivier BARA, Christine PLANTE

Argument L’héritage déterminant du XVIIIe siècle est un des traits qui caractérisent la position originale de Sand au sein du romantisme. Il comporte en particulier une relation esthétique et philosophique privilégiée avec l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau, ainsi qu’un dialogue ininterrompu avec l’art musical, dramatique et plastique du siècle des Lumières. L’équipe LIRE, qui travaille sur l’articulation des XVIIIe et XIXe siècles fournit un lieu particulièrement désigné pour prendre en charge l’étude de cet héritage.

Sand et Rousseau : liée au philosophe par l’histoire de sa famille, comme elle l’expose dans Histoire de ma vie, Sand l’est également par des idéaux politiques, par sa conception de la littérature et de la musique, du théâtre, de la botanique... Elle connaît précisément ses œuvres, y puise valeurs, modèles formels et matière pour ses romans, et entretient avec l’homme et le philosophe, indissociablement, une relation de filiation continûment revendiquée, même si elle est traversée de contradictions. L’étude de cette relation multiforme, fondamentale pour comprendre la cohérence littéraire et intellectuelle de l’œuvre de Sand, a été amorcée à l’occasion d’un travail collectif sur la critique littéraire de Sand, ainsi que dans l’organisation d’une table ronde sur le sujet lors du colloque Sand : littérature et politique, qui a clos l’année Sand au Sénat. Cette première exploration a fait apparaître la richesse de la matière, et la nécessité d’associer les compétences de spécialistes de deux siècles pour l’approfondir. Objectifs : Édition, numérique dans un premier temps, éventuellement sur papier par la suite, d’un roman inédit inachevé de Sand consacré à Rousseau : Jean Paille. Séminaire interdisciplinaire (voir infra).

Sand et les arts du XVIIIe siècle La fiction romanesque, chez George Sand, trouve régulièrement dans les milieux artistiques du XVIIIe siècle un terrain d’élection. Consuelo et La Comtesse de Rudolstadt explorent les scènes lyriques de l’Europe des Lumières. Les Maîtres sonneurs transporte le lecteur parmi les « vielleux » du siècle de Rousseau. Dès 1832, la nouvelle La Marquise dévoile les relations entre scène et salle dans les théâtres du siècle de Voltaire. La romancière reste fascinée par une société et une culture que lui fit découvrir sa grand-mère, Aurore Dupin de Francueil. Dans les premières parties d’Histoire de ma vie, George Sand assume cet héritage esthétique, mêlant littérature, théâtre, musique et opéra, sans oublier l’art des jardins. La satire n’est pas absente de ces évocations et vise le style rococo de la Régence. A côté de l’œuvre autobiographique et romanesque, le théâtre de Sand s’inscrit aussi dans l’héritage du siècle précédent, celui du drame bourgeois de Diderot et Sedaine, comme la scène privée de Nohant s’inspire des théâtres de société. En ses multiples composantes, la création de George Sand trouve une profonde cohérence dans ce fréquent retour vers le siècle qui portait à son horizon la Révolution française. L’étude de ces relations est indispensable à la compréhension de l’esthétique sandienne. Objectifs L’organisation d’un séminaire international interdisciplinaire autour des deux questions « Sand et Rousseau » et « Sand et les arts du XVIIIe siècle ». Les séances réuniront des spécialistes des deux auteurs et du théâtre du XVIIIe siècle, mais aussi des musicologues et historiens de l’art, pouvant déboucher sur un colloque « Sand et l’héritage du XVIIIe siècle ».
- Le développement d’un site Internet « Sand et le XVIIIe siècle », venant compléter la page Sand qui existe actuellement sur le site de LIRE XIXee . À une chronobibliographie détaillée, il ajoutera un fonds documentaire original (outre les Mémoires de Jean Paille, des partitions inédites d’airs cités dans Consuelo ou de la musique originale des pièces de George Sand ; des reproductions de tableaux, de costumes ou de décors de théâtre...). Calendrier 2006 Conception et mise en place du site Internet Une ou deux premières séances de séminaire (invitations nationales). Participation d’Olivier Bara,, Michael O’Dea et Christine Planté au 17e Colloque International George Sand à Dublin (22-24 juin 2006, Dublin City University, « George Sand : Intertextualité et Polyphonie »), pour une communication et deux conférences invitées liées au XVIIIe siècle. 2007-2008 : Deux séances de séminaire par an. Complément du fonds documentaire original sur le site Internet (œuvres inédites, fonds musical et iconographique). Colloque international envisagé à l’automne 2008, avec publication d’Actes.

c. George Sand et l’Histoire responsable Claudine Grossir, IUFM Paris-LIRE collaborateurs : O. Bara, Michèle Fontana, Christine Planté, Philippe Régnier, Michèle Riot-Sarcey (PR, histoire Paris 8) L’enjeu de l’œuvre de George Sand, où Histoire de ma vie et la Correspondance tiennent une place essentielle, apparaît d’ordre épistémologique : la mise en scène de l’histoire permet la définition d’un objet historique - les idées, plus que les hommes et les événements ; et les origines des événements plus que les événements eux-mêmes - ; d’une méthode - c’est à travers l’histoire familiale que l’on peut accéder à la connaissance historique - méthode appliquée aussi bien dans les romans que dans Histoire de ma vie ; d’une interprétation enfin - l’histoire a un sens, et le progrès vers lequel elle tend réclame un acteur essentiel, le peuple. Il s’agira de préciser quelle relation George Sand entretient avec les historiens de son temps - Henri Martin, Lamartine, Louis Blanc, Michelet, Edgar Quinet - ; quel écho les bouleversements des études historiques rencontrent dans son œuvre ; comment s’y fait l’intégration de cette réflexion ; quelle relation est établie entre passé et présent ? Objectifs Séminaire et journée d’étude : 2007-2008.

d. George Sand à l’écran : inventaire, réunion et analyse du corpus des oeuvres cinématographiques adaptées des romans de George Sand Responsable : Delphine Gleizes Liste des collaborateurs Olivier Bara (LIRE xixe siècle, université Lyon 2), Anne-Marie Baron (Paris), Delphine Gleizes (LIRE xixe siècle, université Lyon 2), Elisabeth Janer (LIRE xviiie siècle), Claire Moisan (LIRE xixe siècle, Fondation Thiers), Sarah Mombert (LIRE xixe siècle, ENS LSH), Muriel Moutet (LIRE xixe siècle), Christine Planté (LIRE xixe siècle, université Lyon 2), Denis Reynaud. (LIRE xviiie siècle, université Lyon 2)  Argument L’adaptation cinématographique offre un excellent indice de la réception des textes littéraires. Elle est également l’occasion de s’interroger sur les modalités de diffusion de la littérature depuis le XIXe siècle (par le biais du roman-feuilleton, de l’adaptation théâtrale ou encore de l’illustration). De ce point de vue, le choix de l’oeuvre de George Sand se justifie doublement. La fortune de George Sand a particulièrement mis en avant ses œuvres d’inspiration folklorique et populaire, laissant dans l’ombre, jusqu’à une redécouverte assez récente, les autres aspects de l’œuvre. Il n’est sans doute pas indifférent que l’adaptation cinématographique se soit emparée de ce domaine particulier et l’étude cherchera à mettre en relief les raisons - pour partie idéologiques - d’une telle prédilection. Le corpus incite d’autre part à interroger la figure de l’auteur-e, question centrale étant donné les enjeux problématiques du statut de la romancière et la forte prégnance d’une vulgate concernant la nature de son œuvre. La politique d’adaptation reconduit-elle des distinctions entre auteurs fortement présentes dans l’histoire littéraire traditionnelle ? En est-elle, en quelque sorte, le prolongement via d’autres supports ? Dans la même perspective, les périodes particulièrement fertiles en adaptations devront être interrogées en regard du contexte idéologique contemporain. Le projet « George Sand à l’écran » pourra bénéficier de l’expérience acquise en matière d’adaptations cinématographiques par l’équipe (publication d’une recherche antérieure, L’œuvre de Victor Hugo à l’écran. Des rayons et des ombres, Delphine Gleizes dir., Québec, Presses de l’Université de Laval, Paris, L’Harmattan, 2005, 303 p.) et des recherches sandiennes menées dans le cadre du cluster.  Objectifs et calendrier Élaboration d’un site internet « Littérature/cinéma/représentation XVIIIe-XIXe siècles » (A partir de novembre 2005) Ce site aura une double vocation : diffuser (pour tout ou partie) les analyses critiques de l’équipe issues du travail collectif et de la journée d’études sur Mauprat ; offrir une base de données consacrée aux adaptations cinématographiques des œuvres littéraires (XVIIIe- XIXe siècles) dans laquelle la filmographie des adaptations sandiennes, en cours d’établissement, sera intégrée. Ce site est développé avec l’aide des compétences technologiques des ingénieurs de la Plateforme SHS de l’Institut des Sciences de l’Homme (Gérald Foliot). Établissement du corpus, localisation des archives et des ressources (juin 2005-décembre 2005) La recherche est tributaire de la disponibilité des films et des archives sur le sujet. L’établissement du corpus fait apparaître deux principaux massifs, celui des productions cinématographiques des années vingt et celui des productions télévisuelles dont une partie est consultable à la Cinémathèque française (pour deux films) et à l’INA (pour dix téléfilms). D’autre part, des archives papier et iconographiques localisées à la Bibliothèque du Film (BIFI) et à la Bibliothèque nationale (Arts du spectacle) peuvent fournir une base de travail utile. Visionnage des films, dépouillement des archives, analyses et travail d’équipe (Novembre 2005-décembre 2006) Journée d’études « Autour de Mauprat de George Sand » (Décembre 2006) Les recherches pourraient se concentrer dans un premier temps sur une œuvre, Mauprat, qui offre l’avantage d’avoir été adaptée à deux époques différentes, dans les années vingt par Jean Epstein et dans les années soixante-dix par Jacques Trébouta : deux époques, deux modes de diffusion, deux contextes de production et de réception, deux esthétiques. Elles bénéficieraient des analyses menées dans le cadre du programme « Sand et l’héritage du XVIIIe siècle ». Une journée d’études pourrait être l’occasion de projeter le film d’Epstein et de présenter une réflexion collective qui s’articulerait autour de plusieurs axes : 1) De l’idéologie des Lumières à son traitement diégétique : l’inscription dans l’adaptation de la problématique politique (la Révolution française, la prégnance idéologique des Lumières) ; la question de l’éducation comme fil conducteur du roman et de ses adaptations ; la répartition des personnages masculins/féminins en lien avec une réception historiquement datée du texte sandien. 2) Modalités de diffusion transmédiatique du texte littéraire : l’adaptation est un maillon dans l’histoire d’une œuvre qui a connu dès le XIXe siècle différentes modalités de diffusion. Le texte illustré (Oeuvres illustrées de George Sand, dessins de Tony Johannot, Paris, J. Hetzel, 1852-1856) mais aussi l’adaptation théâtrale (George Sand, Mauprat, drame en 5 actes et 6 tableaux, [Paris, Odéon, 28 novembre 1853]) pourraient être l’occasion d’une étude comparée des transferts transmédiatiques. 3) Imaginaire sandien et esthétique filmique : écriture romanesque, cinéma « impressionniste », encodage téléfilmique... 4) Des mises en perspective avec d’autres adaptations pourraient être d’ores et déjà ébauchées, comme préalable à un travail de plus ample envergure sur l’ensemble du corpus. Ces comparaisons peuvent être internes au corpus sandien mais mobiliser également, d’un point de vue synchronique, les adaptations d’autres œuvres littéraires pour les deux périodes concernées (années vingt et années soixante-dix).
-  Elargissement des recherches à l’ensemble du corpus des adaptations (2006-2007)



Établissements rhônalpins engagés :
— Université Lumière Lyon 2 (établissement porteur), ENS-LSH (établissement d’hébergement)
— INSA, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université de Savoie (Chambéry), Université Stendhal Grenoble 3, Université Pierre-Mendès France Grenoble 2, Université Jean Monnet Saint-Étienne

Le CNRS participe à travers ses chercheurs à temps plein et son rôle d’opérateur national auprès des unités de recherche ou de service dont il partage la tutelle avec les établissements précités, y compris l’Institut des Sciences de l’Homme.

Dans la seule limite de ses moyens, le cluster a naturellement vocation à faire bon accueil à toute proposition en rapport avec ses thématiques lorsqu’elle émane de collectivités territoriales, d’associations, d’institutions ou d’entreprises rhônalpines.