Cluster 13

Projet Corpus numériques

Edition critique des Pensées de Pascal : numérisation.

5 mars 2008
contact : Laurent THIROUIN

Face à la multiplicité des éditions anciennes et modernes très hétérogènes, notre option éditoriale est de prendre pour fondement unique le texte du manuscrit, repoussant en notes toutes les informations et les traditions de lecture venues d’autres autorités. Seule la disposition de l’œuvre (sa structuration en liasses), si importante dans le cas des Pensées, continuera à dépendre du recours aux copies. La difficulté majeure face à une telle option éditoriale - et la raison pour laquelle, malgré son évidence, elle n’a jamais été retenue - est l’excès d’informations données par le manuscrit. Si l’éditeur veut rendre compte de toutes les hésitations, corrections, additions du texte de Pascal, il aboutit à un texte illisible et inutilisable. Il renonce en fait à éditer. L’exemple canonique de cette option est l’édition “paléographique” de Z. Tourneur, précieuse pour les chercheurs, mais strictement inadaptée à toute velléité de lecture.

On est donc contraint d’opérer une sélection, sans encourir pour autant le reproche d’arbitraire. Deux principes devraient protéger de cet écueil :

1. Définir a priori le type de variantes et de corrections qui méritent de figurer dans une édition, savante certes, mais destinée à la consultation.

2. Rendre explicites toutes les interventions de l’éditeur et les écarts qu’il est contraint de s’autoriser par rapport à sa source (ne serait-ce que pour donner au texte une forme linéaire). Le défaut majeur des éditions existantes, y compris les meilleures, est de garder une telle discrétion sur leurs choix, que le lecteur est maintenu dans l’ignorance du degré d’élaboration critique du texte qui lui est donné à lire.

Nous envisageons deux formes d’édition :

- la forme électronique, autorisant à conserver l’intégralité des informations disponibles sur le texte, que l’on peut convoquer ponctuellement, selon les besoins d’un commentaire savant ou d’une recherche pointue

- la forme papier traditionnelle, qui doit donner accès à un texte objectif et maniable et constituer de la sorte l’édition de référence. Elle signalera toutes les hésitations topologiques du manuscrit (qui interdisent de se fier aveuglément à l’enchaînement de certains segments), les renvois marginaux, les additions interlinéaires et les corrections d’une certaine ampleur. Elle manifestera donc une certaine ambition génétique (les spécialistes ont mis en évidence le travail de double correction opéré par Pascal) donnant à lire le texte à la fois dans la profondeur de son écriture et dans l’état authentique laissé par les brouillons.

Numérisation

Il s’agit, en vue d’établir une édition électronique mettant en relation

1. les différents manuscrits-sources (Recueil original, Copies C1 et C2),

2. les éditions originales (1670 et suivantes) et les principales éditions qui ont fait date (depuis Bossut jusqu’à nos jours),

3. un commentaire adapté pour chaque texte, donnant les références critiques et historiques. Seront nécessaires des clichés sur papier, en couleur, à échelle constante, pour

- le manuscrit : photos à plat et par transparence : 2 fois 350 = 700 clichés,

- les Copies C1 et C2, à plat, soit : 2 fois 250 clichés,

- quelques clichés des reliures.

On peut compter sur un total de 1250 clichés en couleur sur papier. L’ensemble permettra de naviguer du manuscrit aux Copies et aux textes des éditions, et de rétablir toutes les éditions qui ont fait date dans leur ordre et leur présentation, à volonté. Les tables comparatives y seront associées, donnant les éléments des manuscrits (filigranes, aspects matériels du manuscrit, inscriptions diverses ).

Au delà de la « copie » numérique pour restitution dans l’édition électronique la numérisation permettra une investigation de l’image des manuscrits(voir projet Montesquieu) et une étude de l’écriture.



Établissements rhônalpins engagés :
— Université Lumière Lyon 2 (établissement porteur), ENS-LSH (établissement d’hébergement)
— INSA, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université de Savoie (Chambéry), Université Stendhal Grenoble 3, Université Pierre-Mendès France Grenoble 2, Université Jean Monnet Saint-Étienne

Le CNRS participe à travers ses chercheurs à temps plein et son rôle d’opérateur national auprès des unités de recherche ou de service dont il partage la tutelle avec les établissements précités, y compris l’Institut des Sciences de l’Homme.

Dans la seule limite de ses moyens, le cluster a naturellement vocation à faire bon accueil à toute proposition en rapport avec ses thématiques lorsqu’elle émane de collectivités territoriales, d’associations, d’institutions ou d’entreprises rhônalpines.