Cluster 13

Projet Corpus numériques

Séminaires

Conférence de Bernard Stiegler

17 janvier 2008
16h00 - 18h00, ATTENTION : CHANGEMENT D’AMPHI : AMPHI AMPERE - Université Claude Bernard Lyon 1 - Campus de la Doua - Tram T1 arrêt "Université Lyon 1"
contact : Sylvie Calabretto
Voir en ligne : Plan d’accès

Séminaire proposé par l’action transverse Culture et Patrimoine du LIRIS

Bernard Stiegler est philosophe de la technique, directeur du département du développement culturel au Centre Georges-Pompidou, où il dirige l’Institut de recherche et d’innovation (IRI).

Résumé :

L’actuel développement des technologies cognitives et culturelles, spectaculaire, et induit par la numérisation, procède de la longue histoire de ce que Sylvain Auroux a décrit comme un processus de grammatisation qu’il a théorisé pour rendre compte de la formalisation grammaticale des langues, et que j’ai étendu à toutes les formes de discrétisations de flux temporels issues du développement des techniques et des technologies (ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que je privilégie un modèle grammatical issu des sciences du langage pour tous les types de tels flux).

En ce sens, la reproduction machinique du geste de travail qui conduit à la machine outil est un cas de la grammatisation, dont Taylor propose d’ailleurs une sorte de théorie. La notation de la musique sur la portée de Guido d’Arezzo (XIè siècle) également. Très généralement, les technologies électroniques sont aussi des stades de la grammatisation, tout comme d’ailleurs la formalisation des séquences moléculaires du vivant, voire les “nano-machines”.

Je défendrai en partant de ce point de vue deux thèses dont je tenterai d’esquisser les conséquences les plus caractéristiques dans le domaine de la conception des technologies cognitives et culturelles en général :

- la grammatisation est un processus de spatialisation du temps de la conscience incarnée qui modifie en profondeur la réalité phénoménale, pour les consciences humaines, des flux grammatisés,
- le milieu numérique constitué par le réseau internet au niveau mondial modifie très en profondeur les relations entre ces consciences incarnées, à un point tel qu’il entre en rupture avec un état de fait qui s’était installé depuis deux siècles - avec la révolution industrielle - et qui imposait l’opposition producteurs/consommateurs.

A partir de ces points, qui passent par Husserl et par Simondon, je dirai pourquoi je crois que les technologies culturelles numériques annoncent une renaissance de la figure de l’amateur - que l’on peut aussi appeler de façon plus neutre un contributeur.



Établissements rhônalpins engagés :
— Université Lumière Lyon 2 (établissement porteur), ENS-LSH (établissement d’hébergement)
— INSA, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université de Savoie (Chambéry), Université Stendhal Grenoble 3, Université Pierre-Mendès France Grenoble 2, Université Jean Monnet Saint-Étienne

Le CNRS participe à travers ses chercheurs à temps plein et son rôle d’opérateur national auprès des unités de recherche ou de service dont il partage la tutelle avec les établissements précités, y compris l’Institut des Sciences de l’Homme.

Dans la seule limite de ses moyens, le cluster a naturellement vocation à faire bon accueil à toute proposition en rapport avec ses thématiques lorsqu’elle émane de collectivités territoriales, d’associations, d’institutions ou d’entreprises rhônalpines.