Cluster 13

Projet Création

Les cultures étudiantes

4 mai 2007
contact : Barbara Michel

1. Résumé du projet

Il est important de mener une enquête large sur les cultures étudiantes. Il apparaît en effet de plus en plus nettement que les transformations ayant affecté nos sociétés (composition sociale des publics étudiants, transformations des univers et des références de la jeunesse, etc.) se conjuguent pour creuser un fossé entre les cultures étudiantes actuelles et les cultures traditionnellement véhiculées par l’université. Il faut entendre le mot culture au sens large : non seulement les savoirs et les sensibilités, mais aussi les manières d’être ensemble, les attitudes par rapport aux diverses formes instituées de la vie sociale, les attentes par rapport à la vie. Ces univers culturels des étudiants sont mal connus. Les universités continuent, la plupart du temps, à fonctionner comme si l’on avait toujours pour publics des jeunes gens correctement préparés aux études par un milieu familial propice, présentant une appétence certaine pour l’étude et une disposition pour l’abstraction, se préparant pour la plupart à des carrières bien tracées par leurs études. Or leurs conditions d’existence ont changé pour beaucoup d’entre eux, leurs langages, leurs relations avec les savoirs, avec les formes instituées d’enseignement ne sont plus les mêmes. Il y a là matière à enquêtes et à réflexions sur la validité même des formes et des contenus de nos enseignements. Il s’agira donc de mener une enquête ethnographique au sein des étudiants de la région pour tenter de comprendre comment se construisent les cultures étudiantes d’aujourd’hui.

2. Objectifs scientifiques

-  Comprendre les mécanismes de recomposition (décomposition) à l’œuvre dans les cultures étudiantes en recueillant des données inédites ;
-  Interroger les cultures étudiantes à partir des différentes manières de s’approprier des éléments de culture (artistique, médiatique, technique, etc.) et pour certains d’arriver à une synthèse singulière de créativité culturelle ;
-  Mieux apprécier les changements générationnels d’appropriation des « objets culturels » ;
-  Innover méthodologiquement grâce à une enquête ethnométhodologique fine permettant d’étudier les diverses manières de « bricoler » avec des bribes de culture empruntées à des domaines hétérogènes en partant des étudiants de la région Rhône-Alpes développant des projets culturels les plus variés.

3. Objectifs pratiques

Fournir aux enseignants des établissements d’enseignements supérieurs et aux professionnels de la culture (au sein des universités ou bien d’autres institutions de la culture y compris les financeurs des collectivités publiques) des éléments de compréhension de ce public insaisissable que représentent les étudiants.

Le programme opérationnel de réalisation de cette recherche est organisé selon quatre phases successives, chaque étape correspond à une année.

4.1. Etape 1 : Recherche exploratoire

Puisque l’objectif de cette recherche tient dans l’identification des principes structurant l’univers de la culture, du point de vue des étudiants, il nous semble important de commencer par une exploration fine des milieux au sein desquels une recomposition des mondes de la culture est déjà la mieux engagée. Il s’agira donc de réaliser une cinquantaine d’entretiens approfondis auprès de jeunes gens, suivant des études supérieures, particulièrement investis dans une pratique culturelle « innovante ». Le comité de pilotage de cette enquête statuera sur le critère qu’il conviendra de retenir pour préciser le contenu de cette notion mais on peut d’ores et déjà indiquer que, si elle recoupe les pratiques classiques (identifiées par l’enquête sur les pratiques culturelles, par exemple), celles-ci devront se mêler d’une façon inédite. On accordera par ailleurs un intérêt particulier à toutes celles qui font une large place aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. L’intérêt d’une enquête centrée autour de ce public d’« avant-garde » est de faire ressortir, de façon paroxystique, les opérations de catégorisation qui sous-tendent la réorganisation des « mondes » formant l’univers de la culture.

Outre les entretiens qui seront menés formellement, cette phase doit également consister à recueillir un riche matériau d’expériences artistiques et culturelles, sur différents supports (numériques ou analogiques ; matériels audio, vidéo ou multimédia) destiné à documenter la recherche. Les entretiens seront répartis entre les différents pôles universitaires de la région. Outre le financement nécessaire au recueil de données originales « sur le terrain », le traitement de la matière s’appuiera notamment sur de nouvelles technologies de l’analyse automatique du discours.

Résultats

En fin d’exercice, rédaction d’un bilan d’étape faisant le point sur l’état d’avancement des travaux. En outre, les matériaux des expériences artistiques et culturelles recueillis seront présentés dans une base de données raisonnées qui permettra leur diffusion auprès de l’ensemble des partenaires impliqués dans le programme : chaque expérience y sera décrite et montrée au moyen de différents supports numériques (images, sons, etc.)... Nonobstant les autres données que représentent les retranscriptions des entretiens et observations.

4.2. Etape 2 : Validation

Suite à la réalisation de la première phase, et avant de produire un rapport de synthèse intermédiaire, nous organiserons une série de tables rondes avec différents publics étudiants, moins directement investis dans des expériences artistiques et culturelles, de façon à valider les enseignements que la première enquête nous aura permis de formuler.

Ces tables rondes organisées dans les différents pôles universitaires de la région, seront enregistrées numériquement puis retranscrites pour un double traitement : sous une forme « brute », elles rejoindront les autres matériels présentés dans la base de données ; elles pourront ainsi donner lieu à différents types d’analyses propres aux disciplines mobilisées dans ce programme.

La diffusion de l’ensemble de données recueillies (entretiens individuels, expériences artistiques ou culturelles, entretiens de groupe...) et son analyse par différentes équipes de recherche donnera lieu avant la fin de cette seconde étape à un séminaire de recherche où se croiseront ces différents regards. A priori, quatre pistes d’analyse sont repérées et doivent permettre d’organiser les discussions :
- Les représentations de la condition étudiante :
- Le rapport aux savoirs académiques et à l’institution universitaire ;
- Les activités artistiques et culturelles des étudiants ;
- Le bricolage à l’œuvre dans les nouvelles expériences culturelles des étudiants.

D’emblée, ce séminaire doit avoir une dimension internationale dans la mesure où la comparaison par rapport à la situation d’autres pays peut éclairer sous un jour inédit l’analyse des données recueillies au cours de ce programme.

Résultats

Outre le rapport d’étape qui présentera l’état d’avancement des travaux, on publiera les actes du séminaire de recherche à la fois sous la forme classique d’un ouvrage mais en étant également intégrée à la base de donnée multimédia accessible sur internet.

4.3. Etape 3 : Enquête par questionnaires

A ce stade de la recherche, l’enquête n’a porté que sur les publics ciblés. Pour assurer à l’ensemble de la démarche une validité scientifique, il convient de réaliser une enquête de validation quantitative en soumettant un questionnaire à un échantillon représentatif de la population étudiante de la région (l’échantillon étant « raisonné » sur la base des différents sites : 200 à Lyon, 100 à Grenoble-Valence, 100 à Chambéry-Annecy, 100 à St Etienne).

Ce questionnaire sera conçu comme relativement léger (une vingtaine de minutes de passation) et laissera une place significative aux questions ouvertes : cette technique, testée à plusieurs reprises, permettra de recueillir un matériau qui fera également l’objet d’un traitement lexicométrique.

Résultats

En fin d’exercice, rédaction d’une note de synthèse présentant l’état d’avancement de l’enquête et ses premiers résultats ; intégration de résultats de l’enquête à la base de données.

4. 4. Etape 4 : Finalisation

Un des principaux intérêts de l’enquête par questionnaires sera de produire une typologie des pratiques culturelles étudiantes. Sur la base de la typologie, nous pourrons enfin sélectionner un certain nombre d’individus présentant, du point de vue de leurs pratiques culturelles, des caractéristiques « typiques ». Ainsi les données de l’enquête par questionnaires seront-elles complétées par une approche plus « compréhensive » : permettant de resituer dans un contexte biographique les données chiffrées.

Résultats

Rédaction d’un rapport de l’ensemble de recherche, et production d’un support numérique mis à la disposition de la communauté des chercheurs. La diffusion des données de l’ensemble de la recherche donnera lieu à un colloque international qui réunira le collectif des chercheurs travaillant sur la question des cultures étudiantes ou de la jeunesse. Mais ce colloque doit également être destiné à l’information des professionnels de la culture : qu’ils interviennent au sein des universités ou d’autres institutions (musées, salles de concert ou de spectacle...), y compris ceux qui interviennent à différents échelons dans les décisions d’investissements culturels. Les différents partenaires

5. Valorisation

Outre le fait que la conduite de l’enquête sur le terrain (le recueil des données) et son analyse vont donner lieu à de véritables synergies entre des équipes de recherche travaillant dans des disciplines différentes, le programme débouchera sur un certain nombre d’autres réalisations :
- Une base de données documentaire multimédia présentant différents projets artistiques ou culturels produits par des étudiants avec les matériaux de recherche correspondants (retranscription des entretiens, observations, etc.) et les résultats des différentes étapes de l’enquête (étapes 1 et 3). Cette base de donnée intéresse non seulement la communauté des chercheurs mais également celle des professionnels de la culture et des mondes de l’art ;
- Un séminaire de recherche international dont les actes seront publiés (étape 2) ;
- Un colloque international destiné à diffuser les enseignements de la recherche, en particulier vers les professionnels de la culture, dont les actes seront publiés (étape 4) ;
- Un séminaire interdisciplinaire permettant aux chercheurs et étudiants intervenant dans divers masters consacrés à l’art et la culture, dans la région, de produire en continu (sur les quatre années) des analyses sur le matériau recueilli.
- Une publication rendant compte d’une analyse d’ensemble de la recherche.

On s’interroge également sur la possibilité de monter une exposition itinérante, au moins, à l’échelle de la région, pour faire découvrir à un large public étudiant, notamment, la diversité et les enjeux des pratiques culturelles émergentes des étudiants.

Présentation de l’équipe

La proposition du CSRPC-ROMA dans le Cluster 13 consiste à former un réseau de chercheurs issus de diverses équipes de la région sur le thème des « cultures étudiantes ». Le réseau sera constitué à partir de janvier 2006.

Le CSRPC (Centre de Sociologie des Représentations et des Pratiques Culturelles) est une EA agrée par le Ministère depuis 1994. A partir de 2007, il doit devenir ROMA (Recherches sur les Œuvres et les Mondes de l’Art). Par ailleurs, cette équipe pilote le GDR-CNRS « Œuvres, Publics, Sociétés » (GDR OPuS) qui regroupe 12 équipes en France et une équipe au Canada dans le domaine de la sociologie de l’art et de la culture. A partir de 2007, ce GDR doit devenir international.

Les personnels du CSRPC-ROMA impliqués dans le projet : • Barbara Michel, Professeur de sociologie à l’UPMF, Grenoble • Marie-Sylvie Poli, Professeur de linguistique à l’UPMF, Grenoble • Catherine Dutheil Pessin, MCF (HDR) de sociologie à l’UPMF, Grenoble • Serge Dufoulon, MCF (HDR) de sociologie à l’UPMF, Grenoble • Ewa Bogalska, MCF (HDR) de sociologie à l’UPMF, Grenoble • Pascale Ancel, MCF de sociologie à l’UPMF, Grenoble • Pierre Le Quéau, , MCF de sociologie à l’UPMF, Grenoble • Yvonne Neyrat, , MCF de sociologie à l’UPMF, Grenoble

• Cyril Brizard, doctorant, travaillant sur "les musiques electro-opéras" • Clément Combes, doctorant, travaillant sur "les usages des cultures techniques" • Charlène Feige, étudiante en M2, travaillant sur "l’écoute musicale de la jeunesse" • Elodie Kredens, doctorante travaillant sur "les étudiants et Star Académie".

La réalisation de l’enquête sera en outre intégrée dans le programme de formation des étudiants du master « Art et culture » qu’animent les enseignants chercheurs du CSRPC-ROMA.

• L’équipe de recherche Ersicom, Université Lyon 3, représente le premier partenaire du CSRPC-ROMA pour le pilotage et la réalisation de l’ensemble des phases du programme, le correspondant en est Jean-Pierre Esquenazi.

• D’autres chercheurs, membres du GDR OPuS, interviendront également à différents moments du programme et ont donné leur accord pour impliquer leur équipe : • Norbert Bandier, MCF de sociologie, Université Lyon 2 ; • André Ducret, professeur de sociologie, Université de Genève ; • Serge Proust, MCF de sociologie, Université de St Etienne ; • Emmanuel Ethis, Professeur de sociologie, Université d’Avignon ; • Jean-Philippe Uzel, Professeur de sociologie, Université de Montréal.

• Le CSRPC-ROMA et Ersicom pourront également s’appuyer sur les chercheurs du CREPHI (histoire de l’art), Université de Grenoble, dont le correspondant, pour ce programme, est Stéphane Sauzedde. • C’est par son intermédiaire, notamment, que va se former un réseau impliquant les écoles d’art de la région, au-delà du séminaire commun qui est déjà organisé entre le CREPHI et le CSRPC-ROMA (« Production 138 » et séminaire de master).

• Dans cette optique, des contacts sont également établis en ce moment avec divers responsables de formation au sein de l’Université Stendhal, Grenoble 3, parmi les spécialistes de la littérature, des arts du spectacle et du cinéma. Quand des accords seront confirmés, ils offriront le moyen d’étendre le réseau à d’autres unités de formation dans ces disciplines de la région.

• Par ailleurs, d’autres enseignants et chercheurs ont également donné leur accord pour participer à ce programme : • Jean-luc Michel, professeur d’information, communication à Paris 7, CRESAL à Saint-Etienne ; • Jean Caelen, directeur de recherche, CLIPS-IMAG, UJF, Grenoble.

• Enfin, le réseau peut compter sur la participation active d’institutions de la culture auxquelles le CSRPC-ROMA est déjà lié de plusieurs façons. Les responsables de ces institutions cités ont donné leur accord : • Le CCSTI de Grenoble, dirigé par Laurent Chicoineau ; • Le CDNA, MC2 (Maison de la culture de Grenoble), Laurent Pelli, Agathe Mélinan ; • Le théâtre 145, à Grenoble dirigé par Delfino. Le théâtre 145 accueille chaque année le « festival de rencontre du jeune théâtre européen » ; • L’association « Nouvelles écritures théâtrales », directrice Mireille Davidovichi, Paris, qui a une antenne à Lyon.

• Pour ce qui est de la dimension internationale, Le CSRPC-ROMA et Ersicom auront recours au GDR International dont ils sont membres. Ce sera tout particulièrement le cas au cours du séminaire de recherche (Etape 2) et du colloque final (étape 4) où des collègues étrangers seront invités à porter leur regard sur nos travaux et à participer à leur analyse.

P.-S.

Annexe

Présentation détaillée du projet de recherche

Les années 90 ont été marquées par l’accès massif à l’Université de fractions de la jeunesse qui en étaient jusqu’alors exclues. Cette démocratisation de l’enseignement supérieur, cette ouverture à des jeunes issus de milieux sociaux très divers a créé une situation problématique, nouvelle sous bien des aspects, l’Université étant peu préparée dans ses structures, dans ses fonctions sociales et missions traditionnelles à faire face à la massification rapide de ses enseignements.

Des études ont été menées, notamment par les Observatoires de la Vie Etudiante, pour connaître les conditions de vie et d’étude de ces « nouveaux » étudiants ; elles ont souvent fait apparaître le malaise de la vie estudiantine, et les difficultés de tous ordres que ceux-ci rencontrent au cours de leur formation, lesquelles se manifestent directement par un taux d’échec important, des abandons fréquents dans le premier cycle, ainsi que par un nombre conséquent de sorties sans qualification. Dix, quinze ans après cette vague de fond, les effectifs étudiants sans décroître, ont connu une relative stabilisation : l’hétérogénéité demeure. Il est impossible de parler d’une condition étudiante, le monde social de l’Université parvenant moins que jamais à exercer une normalisation des pratiques et des représentations, ni dans le domaine de la culture, ni dans le domaine du rapport aux études. Le temps des études n’est plus celui des « héritiers », il ouvre à des représentations disparates, souvent dissonantes entre le temps d’avant - celui de l’adolescence -, et celui d’après -le temps de l’adulte au travail. On note par exemple une « secondarisation » du premier cycle, celui-ci apparaissant dans ce cas comme une continuité des années du lycée et le temps universitaire comme une phase d’entre-deux autorisant recherche de soi et expérimentations diverses. Des écarts, des fractures constatés par les enseignants laissent entrevoir que des fractions importantes d’étudiants évoluent dans un monde radicalement étranger à l’Université. Les difficultés de lecture et d’écriture, fréquentes en première année, témoignent de cette distance. Nombre d’étudiants composent avec les parcours qui leur sont rendus possibles, avec les formes de la transmission académique des savoirs. Ce sont des modèles de comportements originaux, manifestant parfois adaptation et inventivité pour faire face aux contraintes et difficultés placées sur leur chemin. Dans tous les cas, le rapport aux savoirs académiques et à la culture universitaire a changé, celle-ci se trouvant concurrencée ou franchement en opposition avec la culture des médias et celle issue des technologies de l’informatique, si présente dans la culture actuelle des jeunes. Les formes de la pensée discursive fortement attachées à la culture scripturaire et à la présence du texte-livre tendent à perdre leur légitimité au profit d’autres manières, plus iconoclastes de penser le monde et de s’en saisir.

Comment se construisent et s’organisent ces nouvelles cultures étudiantes ? Selon quelles lignes de force, selon quelles logiques ? La transmission verticale du modèle précédent - parents, école, université - est depuis assez longtemps confrontée à une « culture des pairs » qui s’organise et se diffuse horizontalement, où les médias jouent un rôle clé qu’il convient de cerner, remettant en cause les anciennes hiérarchies et distinctions culturelles. Peut-on constater, comme le fait D. Pasquier chez les lycéens, que la culture dominante n’est plus la culture savante mais la culture « populaire » au sens le plus large et le plus englobant du mot ? On sait par diverses enquêtes que la musique (ou les musiques) constitue l’élément central de la culture des jeunes, structurant les pratiques, goûts, appartenances et sociabilités ; ils y reconnaissent un espace qu’ils autonomisent, auquel ils confèrent un sens i.e. à l’affirmation de soi. Mais leur monde de la musique ne comprend guère la musique classique ou le jazz, ignorés et renvoyés du côté d’une culture savante ennuyeuse appartenant à l’ancienne génération. Les cultures étudiantes se liraient-elles principalement sous l’angle générationnel ? Celles-ci sont aussi marquées par la sur-présence des images sous différentes formes, dessinant aussi un monde largement dominé par l’audiovisuel(Cinéma, TV...). Ce sont donc les différentes formes des goûts, pratiques, engagements et passions artistiques et culturels que nous proposons de regarder dans cette enquête, les formes premières de la création comme les formes les plus organisées de l’activité collective étudiante, comme les associations à vocation artistique, culturelle, interculturelle ou sociale et humanitaire. Quels usages les étudiants font-ils alors de l’art, de la culture « cultivée » et de leurs institutions ? Il nous revient de mener l’investigation auprès de divers lieux de diffusion pour comprendre les raisons de leur désaffection ; les musées, les théâtres, les bibliothèques publiques, etc. Cherchant les ordres de structuration des cultures étudiantes, nous poserons de manière transversale la question de leur dimension sociale, générationnelle, sexuée, en un temps de la vie où se jouent fréquemment les premières expériences de vie en dehors de la famille, et de cohabitations diverses. Nous regarderons, en ces cultures bigarrées, mouvantes, fortement intégrées aux technologies actuelles de la communication, audiovisuelles et informatiques, comment se constituent les connaissances ordinaires, selon quelles valeurs, pour quels bricolages des savoirs du monde... ? Comment sont-ils "auteurs" de leurs cultures ? Avec l’aide des TIC (mêlant graphisme, photo, vidéo, musique (voir son), expressions corporelles, théâtre, etc.), fabriquent-ils de nouvelles écritures, sur de nouveaux supports, mélangeant styles et genres ?

Nous envisageons d’étudier les cultures étudiantes selon quatre thèmes principaux : Les représentations de la condition étudiante Le rapport aux savoirs académiques et à l’institution universitaire Les activités artistiques et culturelles des étudiants Le bricolage des savoirs du monde : un savoir alternatif ?



Établissements rhônalpins engagés :
— Université Lumière Lyon 2 (établissement porteur), ENS-LSH (établissement d’hébergement)
— INSA, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean Moulin Lyon 3, Université de Savoie (Chambéry), Université Stendhal Grenoble 3, Université Pierre-Mendès France Grenoble 2, Université Jean Monnet Saint-Étienne

Le CNRS participe à travers ses chercheurs à temps plein et son rôle d’opérateur national auprès des unités de recherche ou de service dont il partage la tutelle avec les établissements précités, y compris l’Institut des Sciences de l’Homme.

Dans la seule limite de ses moyens, le cluster a naturellement vocation à faire bon accueil à toute proposition en rapport avec ses thématiques lorsqu’elle émane de collectivités territoriales, d’associations, d’institutions ou d’entreprises rhônalpines.